En chopper, de Vancouver jusqu’au Mexique

Becky et Cody ont traversé 3 pays en 3 semaines sur des choppers minables, absolument sans raison.

Toute ma vie, j’ai songé à me rendre en Californie sur un chopper. J’ai imaginé ce voyage des milliers de fois, même avant d’acquérir ma moto actuelle. Je n’ai jamais su qui m’accompagnerait, quand je partirais ou si seulement je le ferais. Il y a 30 minutes, j’arrivais dans mon entrée de cour après 27 jours à rouler sur le Sportster Harley qui m’a menée jusqu’en Californie, que j’ai traversée pour rentrer au Mexique, pour revenir par la Basse-Californie et la Californie centrale.


J’ignorais combien de temps je serais partie et avec qui je partirais. J’ai décidé de partir la première semaine de juin pour être dans la région de Los Angeles durant Born Free 10. Au cours des derniers mois, j’ai préparé ma moto. Je l’ai mise au point, j’ai installé un grand appui-dos et des sacoches, j’ai changé l’huile, puis j’ai rodé la moto en parcourant 600 km autour de l’île de Vancouver et de la Sunshine Coast.

À l’approche du départ, j’ai commencé à dire aux gens que je ferais la randonnée, et mon copain Cody Kemmet a entrepris des démarches. Il a pris l’avion du Dakota du Nord jusqu’à Los Angeles, a acheté un chopper Panshovel 1956 rescapé et équipé d’une longue fourche avant à ressort et l’a enfourché jusqu’à Vancouver. Après quelques semaines de flânage en Colombie-Britannique, nous nous sommes dirigés vers le sud.

Nous n’avions pas encore quitté Vancouver que mon appui-dos s’est presque brisé, qu’une chambre à air de rechange s’est prise dans la roue de Cody et que le boulon de mon essieu avant est tombé. Immédiatement après avoir traversé la frontière des États-Unis, le « seul et unique » frein de Cody a flanché. Nous avons mis la journée entière pour parcourir 330 kilomètres. En rétrospective, c’était le parfait présage pour le reste du voyage.

La première nuit; avant la tempête

Comme nous avions beaucoup de temps et que ni l’un ni l’autre n’avait parcouru toute la côte, du Canada à la Californie, nous avons décidé de bien faire les choses. À partir du nord de l’État de Washington, nous nous sommes dirigés vers l’ouest. Nous avons évité Seattle, emprunté l’autoroute à deux voies Chuckanut vers le traversier, puis nous nous sommes dirigés vers la côte de Washington.

Ne sachant pas où nous allions dormir, que nous réservait la météo, si nos motos allaient démarrer le lendemain matin et combien de temps nous allions mettre pour nous rendre à Los Angeles, nous vivions une journée à la fois. Le trajet dans l’État de Washington a été extraordinaire; le soleil brillait et nos motos roulaient à fond. Nous avons acheté des feux d’artifice, campé au bord de l’eau et cuisiné sur le feu de camp.


En entrant dans l’Oregon, notre chance n’a pas été aussi bonne. Pendant trois jours, nous avons été exposés aux pluies torrentielles de la côte. La magnéto de Cody a pris l’eau et sa moto a commencé à éprouver des problèmes électriques. Nous roulions le maximum de kilomètres dans une journée, mais la pluie finissait par nous arrêter et nous devions rester dans un Best Western (le meilleur des endroits) ou chez quelqu’un qui nous offrait le gîte. Par le biais d’Instagram, une femme, que nous n’avions jamais rencontrée, nous a invités chez elle à Florence, Oregon. Elle et sa famille nous ont nourris, ont séché nos affaires, nous ont saoulés d’aplomb, puis nous ont laissés dormir dans leur VR. Le matin suivant, leur fils nous a amenés à son travail, dans les dunes, et nous a prêté des motoquads de location pour nous défouler le long des falaises de sable et de l’océan. Merci à la famille Tucker. Parfois ce n’est pas si mal d’être bloqué par la pluie.

 Premier arrêt sur la côte de l’Oregon, un belvédère secret
 Début de la côte de l’Oregon

Le soleil est sorti alors que nous nous dirigions vers la Californie du Nord. Notre humeur était intacte et nous étions tout simplement heureux de rouler de nouveau. J’imagine que les hauts et les bas vont toujours de pair. Cette journée-là, nous avons roulé presque sans arrêt. Nous avons traversé aisément le parc national de Redwood. Je n’avais jamais vu d’arbres aussi hauts. Nous avons longé l’océan et monté le col pour passer à travers Hales Grove, qui marque le début de l’autoroute 1. Alors que nous descendions le col vers l’océan, nous avons coupé le moteur de nos motos pour qu’elles nous mènent jusqu’en bas en silence. C’est là que nous avons bu 10 000 bières et pris du repos afin de parcourir, pendant les deux jours suivants, les centaines de milles d’autoroutes sinueuses longeant l’océan.

 Le long de la côte californienne – Autoroute 1


Si vous avez déjà roulé sur l’autoroute 1 le long de la côte de la Californie, vous savez de quoi je parle. Sinon, c’est quelque chose que chaque motocycliste devrait faire durant sa vie, selon moi. La route serpente au-dessus de l’océan, puis descend juste à côté. Elle passe dans de petits villages de pêche, remonte pour traverser des terres agricoles à hauteur de falaise, puis décrit des virages en épingle à cheveux qui vous soulèvent l’estomac. La fourche avant de la moto de Cody vibrait dans chacun des virages et ma chaîne tapait sur le réservoir d’huile et le pneu à chaque bosse. Pourtant, rien ne pouvait nous arrêter.

C’est sur cette route qu’un chevreuil s’est précipité devant Cody, qui roulait devant moi à ce moment-là. Je jouais avec mes écouteurs, alors j’étais quelques longueurs de voitures plus loin que d’habitude. Il a raté le chevreuil par un pouce (autrement dit, le chevreuil a raté Cody d’un pouce). Dans la voie inverse, l’auto qui se dirigeait vers nous a frappé de plein fouet le chevreuil, qui a volé au-dessus de l’épaule de Cody. Le chevreuil est tombé à la renverse sur la voie devant moi. Ensanglanté et les membres cassés, ses pattes s’agitaient dans tous les sens. Il titubait sur la route en se dirigeant directement vers moi. Instinctivement, j’ai décidé d’aller à gauche pour l’éviter. Un pouce vers la droite et je lui rentrais dedans.

Nous avons pris trois autres jours pour nous rendre en Californie après un arrêt au garage de Matt Busby à Salinas, un détour à Big Sur et une nuitée à Huntington Beach. Nous avons fait une pause à Los Angeles avant de décider de prolonger le voyage jusqu’au Mexique.

 Autoroute 1 – Californie

Big Sur et les « boys »

Nous avions planifié passer dans Tijuana, longer la côte et rester dans un Best Western à Ensenada. Nous aurions ensuite parcouru 300 kilomètres de la Basse-Californie à San Felipe, qui se trouve sur la côte est du golfe. Après, nous nous serions dirigés vers le nord, en passant dans le désert, et nous serions revenus aux États-Unis par la frontière de Mexicali. Enfin, nous aurions traversé Palm Springs jusqu’à Born Free. C’est assez facile, pas vrai?

Après avoir parcouru plus de 2500 kilomètres, ça semblait un tout petit ajout au voyage. Mais les motos, après tous ces kilomètres, ont été mises à rude épreuve au Mexique. Les routes étaient épouvantables… Sur l’autoroute, un chien est rentré tête première dans le moteur de la moto de Cody, mon phare est tombé et le boulon de l’essieu avant s’est desserré et a tombé quand j’ai frappé une grosse bosse. En passant dans le désert, nos motos devenaient de plus en plus chaudes, nous sommes presque morts en raison des importants coups de chaleur, le pneu de Cody s’effilochait et son roulement arrière s’est complètement désintégré.

Les cinq jours durant lesquels nous sommes restés au Mexique, nous n’avions pas de phares, nous avons bu cinq gallons de tequila, dormi dans des hamacs sur la plage et fait de notre mieux pour empêcher le vol de nos motos. Là-bas, les problèmes de chopper semblaient amplifier notre plaisir. Dès que nous sommes enfin arrivés sur la plage, c’était le paradis. Tout le voyage au Mexique était un rêve. C’était époustouflant de regarder ma moto stationnée sur la plage à San Felipe, à plus de 3000 kilomètres de la maison. Je ne pouvais croire que cette machine m’avait menée si loin. Malgré la pluie, la chaleur, les bières, les bris, le sable et la poussière, les chiens et le chevreuil, nous avions atteint notre destination la plus éloignée.

Notre maison, San Felipe, Mexique

Bien sûr, il y a un autre volet à cette histoire. On pourrait me poser des questions, mais les réponses seraient trop longues pour l’espace réservé à cet article. En voici quelques-unes :

  • Comment Cody a-t-il fait pour rouler de San Felipe jusqu’à la frontière des États-Unis avec un roulement manquant et un pneu tout effiloché?
  • Pourquoi êtes-vous arrivés en U-Haul au pré-party de Born Free?
  • Pourquoi as-tu accédé à Born Free avec Cody comme passager sur ton Sportster?
  • Avec qui es-tu revenue à la maison?
  • Ta moto a-t-elle réussi à faire le trajet de retour à Vancouver?

Eh bien, vous devrez me poser vos questions la prochaine fois que vous me rencontrerez, parce que j’en aurais encore beaucoup à raconter.

Pour terminer,je suis revenue à la maison en toute sécurité, même après un week-end déchaîné à Born Free 10. Vous pourrez lire à ce sujet dans les pages suivantes. Si jamais vous avez la chance de conduire la moto de vos rêves jusqu’en Californie et au-delà, n’hésitez pas. Je me suis rendue dans beaucoup d’endroits pour faire de la moto, mais ce voyage a été le meilleur à ce jour. Allez, roulez jusqu’à un endroit absurde sur une saloperie de moto!

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